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Vrai-faux : 400 000 offres d’emploi ne trouvent pas preneur en France ?

Par Guirec Gombert | Publié le 06/08/2015

Selon les rapports de Pôle Emploi, les entreprises font régulièrement part de leurs difficultés à recruter. Et même s’il n’existe aucun chiffre précis sur le sujet, les politiques parlent régulièrement des offres d’emploi non pourvues en France pour expliquer comment faire reculer le chômage. Un discours aussi récurrent qu’inefficace. Parce que la réalité est plus complexe ?

De 200 000 à 300 000, selon François Hollande, 400 000 pour le Medef, 500 000 d’après l’ancien chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy. Les politiques aiment jouer la surenchère quand il s’agit des emplois non pourvus. D’où viennent ces chiffres ? De nulle part ou presque... Les emplois non pourvus sont calculés sur les résultats de Pôle Emploi. Par exemple en 2010 l’établissement a collecté 3,23 millions d’offres d’emploi dont 2,83 millions ont été pourvues (un taux de 87,6%), soit une différence de 400 000 offres non pourvues. Des chiffres tirés d’une source unique dont les offres ne correspondent pas totalement à la réalité du marché de l’emploi.

Alors pourquoi les citer ? Parce que c’est facile à communiquer. En 2011, Nicolas Sarkozy déclare ainsi qu’il existe 500 000 offres non pourvues pour 2,7 millions de chômeurs en catégorie A : « pourquoi on ne les rapproche pas ? » La question a le mérite d’être posée. Mais si la réponse a apporté est plus difficile qu'on peut l'imaginer, certains prennent ces chiffres pour argent comptant. En 2014, l’animateur Jean-Marc Morandini se demande sur les ondes d’Europe si avec « six cent mille emplois vacants  les chômeurs veulent vraiment travailler ? ».  

Pourquoi des offres ne trouvent pas preneur ?

En comparant le nombre de chômeurs et des offres d’emploi non pourvues, il est tentant de faire ce raccourci. Mais est-ce bien la faute aux demandeurs d’emploi ? Dans une étude publiée en 2013, Pôle Emploi inverse le problème et estime que les offres débouchant sur « un abandon de la procédure de recrutement faute de candidat (…) se concentrent dans des entreprises qui ont une faible expérience du recrutement ».Méconnaissance du marché local du travail, salaire sans rapport avec l’expérience et/ou le poste demandés, offres servant à constituer une base de CV pour les entreprises… Et toujours selon l’étude, « comparées à nos voisins européens, les offres d'emplois publiées en France apparaissent comme beaucoup plus sélectives (...) conduisant à une exclusion de fait de nombreuses candidatures ». Ou quand les entreprises sont à la recherche du candidat idéal qui n’existe pas.

Deux-tiers des entreprises peinent à recruter

Reste que les entreprises déclarent régulièrement faire face à une pénurie de candidats (36%), à un manque de compétences et d’expérience (33%), un manque de motivation (27,5%) et une insuffisance de formation ou de diplôme (24%). Là encore, Pôle Emploi nuance ses déclarations et rappellent que « les offres satisfaites dans un délai inférieur à deux mois représentent 70% de l'ensemble des offres clôturées ». De même, 40% des entreprises ont recruté sans « concession aucune, que ce soit en matière d'expérience, de compétence, de niveau de formation ou encore de motivation des candidats ». Des difficultés ressenties à recruter qui tiennent alors « sans doute plus de la complexité naturelle à apprécier et sélectionner judicieusement des candidats », selon Pôle Emploi.

D’ailleurs toutes les entreprises ne connaissent pas les mêmes difficultés à recruter. Les TPE (moins de 10 salariés) sont les plus concernées : 70% d’entre elles contre 58,4 des sociétés de plus de 50 employés qui déclarent de tels problèmes. Certains secteurs d’activité sont aussi plus touchés : la construction, l’industrie, le commerce, l’information-communication peinent davantage à embaucher que le secteur de l’action sociale.

La formation, vrai problème du marché du travail ?

Un argument est souvent utilisé pour expliquer que demandeurs d’emploi et entreprises ne se rencontrent pas : les conditions de travail et de salaire. Mais comme le souligne le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), « il n’y pas de corrélation générale entre les métiers en tension et les métiers avec des conditions de travail difficiles ou de faibles niveaux de salaires. La problématique, très significative sur certains métiers ou situations de travail, n’est pas générale : tous les métiers en tension n’ont pas des conditions de travail difficiles ou de faibles niveaux de salaires, et réciproquement ». Quant à l’inadéquation des candidats mise en avant par les entreprises, là encore il faut relativiser. Si c’est le cas pour certains métiers émergents (numérique, environnement, etc.), « les pratiques habituelles de recrutement propre à certains marchés du travail peuvent tendre à limiter le vivier des candidats potentiels », poursuit le COE.

Deux études qui laissent à penser que les difficultés de recrutement sont essentiellement la faute des entreprises. Reste à trouver comment les rendre plus souples, moins exigeantes et frileuses au moment d’embaucher…

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