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Marché de l'emploi

L'emploi des seniors n'est pas responsable du chômage des jeunes

Par Rozenn Perrichot | Publié le 11/10/2016

Le Conseil d'Orientation des Retraites (COR) conteste l'idée reçue selon laquelle le maintien en activité des seniors conduit mécaniquement à la hausse du chômage des jeunes.

La hausse de l'emploi des seniors, sous l'effet notamment du recul de l'âge de la retraite, ne nuit pas à l'emploi des jeunes. C’est ce qu’affirme un document du Conseil d'orientation des retraites (COR) en ce début de semaine, chargé de faire des propositions pour assurer la solidité financière des régimes de retraite.

+10% de taux d’emploi des seniors

De 2005 à 2015, le taux d'emploi des personnes âgées de 55 à 59 ans a augmenté de plus de 10 points, passant de 38,2% à 48,6%, accompagnant le relèvement de l'âge effectif de départ à la retraite (un an pour le régime général et deux ans pour la fonction publique d'État)

Dans le même temps, le taux d'emploi des 15-24 ans a baissé de 2,6 points, passant à 27,8% en 2015. « On pourrait conclure hâtivement à un lien de substitution entre travailleurs âgés et travailleurs jeunes » note le rapport du COR, le recul de l'âge de la retraite conduisant notamment à une baisse de l'emploi des plus jeunes.

Pourtant, l'hypothèse d'une substitution parfaite entre emploi des seniors et emploi des jeunes est « peu probable compte tenu des différences en termes de capital humain et de poste occupé », souligne l’étude.

Plus il y a de gens au travail, plus on crée des emplois

L'instance indépendante invite à « nuancer » l'idée selon laquelle les seniors déjà en emploi - et dont les employeurs connaissent les capacités productives - auraient une plus grande probabilité d'y rester que les jeunes d'y accéder. Autrement dit, il serait faux de penser que faire partir les seniors à la retraite plus tôt permettrait de laisser les places aux jeunes. Preuve en est : des pays européens comme l’Allemagne ou la Finlande jouissent d’un taux d’emploi des seniors parmi les plus élevés, et d’un taux de chômage des jeunes le plus faible.

Première raison ? L'écart de salaire entre seniors et jeunes, mais aussi le souhait des entreprises de ne pas laisser leur pyramide des âges vieillir trop fortement pour ne pas déséquilibrer leurs effectifs lors des départs des seniors. Deuxième raison ? La recherche d'une meilleure adéquation entre compétences et demande de travail peut inciter des employeurs à se séparer des travailleurs les plus âgés au profit des plus jeunes, relève le document.

Les différentes études sur le sujet, passées en revue par le COR, plaident plutôt, selon ce dernier, en faveur d' « une complémentarité entre emploi des seniors et insertion des jeunes actifs sur le marché du travail » avant d’expliquer que « Les évolutions des taux de chômage des jeunes et des seniors évoluent plutôt dans le même sens, essentiellement en lien avec la conjoncture économique », constatant que « les périodes de faible croissance économique sont celles qui connaissent une hausse du chômage à la fois des jeunes et des seniors ».

Un effet négatif seulement à court terme

Si la retraite tardive ne crée pas de chômage, les premiers effets du recul de l’âge légal de départ sont tout de même négatifs. Les seniors, faute de pouvoir partir en retraite, restent sur le marché du travail, le plus souvent au chômage. A plus long terme, l'effet serait largement positif sur la croissance et les créations d'emplois. Le Trésor estime qu’un passage à 64 ans pour l’âge légal de départ se traduirait par une hausse de +1.4 point de PIB.

Les premiers signaux positifs commencent à être mesurés. Le taux d’emploi des 55-64 ans a notamment augmenté de plus de 2 points en 2014, pour atteindre presque 48%. Le taux le plus élevé depuis 1975, même s’il reste largement inférieur à la moyenne européenne. Parmi les mesures et les transformations que les entreprises doivent mettre en place : des aménagements de postes pour les seniors et le développement des formations pour faire évoluer les carrières.

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