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Embauche : de « fortes discriminations » liées aux religions

Par Flavien Chantrel | Publié le 08/10/2015 - Mis à jour le 12/10/2015

Selon une étude de l’Institut Montaigne, en France, un candidat prénommé Mohammed a quatre fois moins de chances d'être recruté qu’un autre s’appelant Michel.

Malgré les risques de prison et d’amende (jusqu’à trois ans et 45.000 euros), les employeurs sont encore coupables de discrimination. Dans une étude, l’Institut Montaigne a étudié celles liées à la religion. Résultat, selon l’auteure de l’étude, Marie-Anne Valfort, un candidat perçu comme musulman pratiquant a deux moins de chances d’être convoqué à un entretien qu’un catholique pratiquant (10,4% contre 20,8%). Pour les seuls hommes, l’écart est encore plus significatif : 4,7% contre 17,9%. En résumé, un candidat prénommé Mohammed a quatre fois moins de chances de rencontrer un recruteur qu’une personne portant pour prénom Michel.

Religion-candidature

Les juifs pratiquants ne sont pas épargnés mais dans une moindre mesure. Leurs chances d’être convoquées sont 24% inférieures à celles des catholiques et ce quel que soit le sexe.

Testing : 6.231 candidatures fictives

Marie-Anne Valfort a réalisé son étude en envoyant 6.231 candidatures fictives pour des postes de comptables, assistants et secrétaires comptables entre septembre 2013 et septembre 2014. Si toutes les candidatures présentaient des profils identiques, la chercheuse a à chaque fois modifié trois éléments suggérant une appartenance religieuse. Le prénom d’abord - Dov et Esther pour les juifs, Michel et Nathalie pour les catholiques, Mohammed et Samira pour les musulmans -, leur scolarité dans une école confessionnelle et leur engagement dans l'association de scoutisme de leur communauté. L’auteure de l’étude a ensuite étudié le taux de convocation de ces faux candidat(e)s.

Les musulmans victimes de nombreux stéréotypes

Selon l’étude, les musulmans en France « sont beaucoup plus discriminés » par rapport aux catholiques en France mais aussi « que ne le sont les Afro-Américains par rapport aux Blancs aux États-Unis ». L’auteure a arrêté le testing avant l’entretien mais « toutes les études montrent que la discrimination est présente à chaque étape du recrutement ».

Pourquoi de telles différences de traitement selon les religions. « Des enquêtes montrent que les Français associent spontanément l'islam à l'extrémisme religieux et à l'oppression de la femme », a déclaré la chercheuse à l’AFP. Mais aussi parce que, selon elle, « Le recruteur les perçoit comme un risque accru de pratique religieuse transgressive sur le lieu de travail et les associe à un risque d'insubordination ».

D’ailleurs, dès lors que les candidats musulmans affichaient un engagement dans une association de scoutisme laïque, ils voyaient leurs chances d’être convoqués à un entretien doubler. Si l’impact d’un tel engagement pour les juifs, les catholiques sont à l’inverse perdant « à s’afficher comme laïcs ».

Les femmes moins souvent discriminées

L’étude a aussi cherché a étudié des profils « d’exception » en termes de diplômes, de compétences et d’expériences. Pour les femmes, l’auteure note alors « une disparition de la discrimination, non seulement à l'égard des candidates musulmanes mais aussi à l'égard des candidates juives ». Au contraire, pour les hommes « la discrimination à l’égard des candidats masculins juifs et musulmans s’intensifie ». Ainsi, les catholiques « d'exception » ont cinq fois plus de chances de décrocher un entretien que les musulmans « d'exception » et 1,5 fois plus que les juifs « d'exception ».

Des testings précédemment menés ont déjà montré que les Français d’origine extra-européenne étaient défavorisés par rapport aux Français d’origine. Selon l’Institut Montaigne, il existe en effet « une forte corrélation entre la discrimination vécue à l’embauche et au travail, d’une part, et l’origine migratoire – en particulier extra-européenne – des salariés, d’autre part ». Alors que le gouvernement n’a finalement pas choisi d’obliger le recours au CV anonyme, il paraît aujourd’hui bien difficile daller à l’encontre des stéréotypes en vigueur.

Interview - « Comment le CV alimente les stéréotypes des recruteurs »

 

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